Accueil Sport Assemblées générales ordinaire et extraordinaire de la FTF : Une page se tourne, une autre s’ouvre…

Assemblées générales ordinaire et extraordinaire de la FTF : Une page se tourne, une autre s’ouvre…

Récit et décryptage d’un jour «historique» selon Kamel Idir, tout heureux de passer le relais et de léguer le lourd fardeau dans un mois.

Les deux assemblées générales (ordinaire et extraordinaire) de la FTF ont eu lieu samedi dans une ambiance qui n’a pas été trop surchauffée comme annoncé ou redouté auparavant. Ce calme et cette sérénité dans lesquels elles se sont déroulées n’ont pas empêché un certain suspense et quelques surprises. Le quorum (plus de 50 %) des délégués présents représentant les membres ayant le droit de vote a été largement dépassé. C’était le premier indice pour que cette journée placée sous le signe du consensus réussisse et pour que ce rendez-vous important, avant les élections du 25 janvier, ne soit pas avorté. La mission a donc été bien accomplie par Kamel Idir qui a déclaré «être réjoui de ne pas avoir cédé aux pressions de toutes parts pour prolonger son mandat jusqu’au 30 juin 2025 et d’avoir laissé l’assemblée générale, souveraine, décider du sort des élections et ne pas empêcher leur déroulement par un vote de rejet des amendements des Statuts et du Code électoral proposés». Visiblement, Kamel Idir n’en pouvait plus et ne voulait plus d’un fardeau très lourd à porter.

Déficit, dettes des clubs, droits TV : des chiffres qui inquiètent 

Le rapport et les états financiers ont bien montré de quoi Kamel Idir avait peur. Huit milliards de déficit en une seule saison (2023 / 2024) après un excédent de 22 milliards la saison d’avant, ça donne à réfléchir. Sans compter que ce déficit sera encore alourdi par les 6 mois d’exercice du Comité de normalisation. On n’a pas perçu la même crainte chez la grande majorité des clubs que ce chiffre n’a pas effrayés le moins du monde et qui ont voté presque à l’unanimité l’approbation de ces états financiers. Même si des réserves ont été formulées, du bout des lèvres il faut le dire, sur le chiffre effarant et alarmant de 15 milliards de dettes des clubs envers la FTF. Quels clubs en ont bénéficié ? Comment vont-elles être épongées ou soldées? Un sujet tabou auquel on ne voudrait pas apparemment toucher même si Kamel Idir a trouvé la bonne pirouette pour une réponse évasive. «Les clubs sont devant l’obligation de tenir eux-mêmes leur comptabilité et ce n’est pas à nous de leur communiquer les chiffres, a-t-il précisé». Et les autres clubs lésés qui n’ont pas eu droit à ces avances colossales et à cette faveur, l’opinion publique, les médias ? N’ont-ils pas droit, pour plus de transparence sur le sujet, à l’information ? Les grands clubs, principaux bénéficiaires de la générosité et du soutien de la fédération dans leur période de crise, ont échangé les clins d’œil et essayé de détourner l’attention et de se pointer discrètement et implicitement du doigt. «Si c’est le Club Africain qui est visé parmi d’autres, eh bien je peux affirmer qu’il n’est pas concerné par ce sujet, s’empresse de clarifier son représentant, Hamed Mbarek. Si la FTF applique les consignes de la Fifa et de la CAF de règlement de ces dettes avant le 31 décembre sous peine d’interdiction de recrutement et de retrait d’un nombre de licences de joueurs, qu’elle le fasse. Nous n’avons rien à craindre de cette éventuelle mesure». Kamel Idir a sauté sur l’occasion et saisi la perche pour mettre les points sur les « i».  «S’il y a des amendements urgents à faire par le prochain Bureau Fédéral élu qui en aura l’autorité, c’est de mettre des textes applicables pour un vrai dégraissage des dépenses et de vraies mesures de contrôle de gestion, explique-t-il. Les clubs ne peuvent plus et ont intérêt à ne plus continuer dans ces politiques suicidaires. Ils ne doivent plus compter sur la Fédération pour les sortir à chaque fois du guêpier. Celle-ci doit cesser d’être une banque au service de clubs endettés jusqu’au cou ; sinon ce sera le naufrage de notre football». Les clubs incriminés ont trouvé la réplique en sortant la carte droits TV et les nombreux griefs faits à la Fédération pour n’avoir pas assez et bien défendu leurs intérêts dans les contrats signés. «Six cents mille dinars en cinq ans pour un club professionnel dont tous les matches sont retransmis, c’est une aberration, répond le même Hamed Mbarek. Ce ne sont que de petites miettes pour des clubs qui ont plusieurs challenges à relever et qui sont la principale vitrine de notre football dans les différents médias. Dans les championnats étrangers entre 40 et 60 pour cent des recettes des clubs proviennent des droits TV. Si la fédération est incapable de vendre notre produit à sa juste valeur, qu’elle donne à chaque club la liberté de chercher lui-même et de conclure des contrats exclusifs de retransmission de ses matches. Et de le contraindre, en parallèle, à vivre avec ses propres moyens et de l’astreindre aux opérations de contrôle de gestion les plus rigoureuses et aux sanctions les plus dures en cas de défaillance».

Concessions contre concessions 

La deuxième assemblée générale (extraordinaire) était la plus attendue. On avait hâte de savoir comment le bras de fer entre clubs affiliés et Comité de normalisation, allait se terminer. Il y a eu de longues discussions et tractations dans les coulisses qui ont porté leur fruit et un consensus discret a été trouvé pour faire passer les amendements proposés avec quelques modifications afin de garantir la tenue des élections le 25 janvier, car, en cas de rejet de la totalité du projet révision des conditions d’éligibilité et du Code électoral, ces élections seraient reportées. Un scénario que les clubs ne voulaient à aucun prix tellement ils ont hâte d’avoir pour vis-à-vis un Bureau Fédéral élu et souverain. Il fallait donc,  de part et d’autre, des concessions. Les clubs ont promis et ont tenu parole de ne pas adopter le changement du  mode de scrutin qui restera donc un scrutin de listes. Kamel Idir a accepté, en contrepartie, de soumettre au vote la demande de suppression du critère des deux années d’enseignement universitaire pour les candidats au poste de président et de vice-président du prochain Bureau Fédéral. Le résultat du vote n’a pas été une surprise. Les bulletins verts dans un suffrage à main levée ont envahi la salle de réunion et l’amendement a été approuvé par plus que la majorité requise des deux tiers des membres présents ( 101 voix pour contre 26 contre) . Evidemment, ça n’a pas plu à tout le monde et à Kamel Idir en premier. «Si c’était à moi de voter, j’aurais voté contre cet amendement proposé par les clubs. J’aurais pu refuser d’inscrire cet amendement à l’ordre du jour, mais devant l’insistance de la majorité des clubs à le soumettre à un vote transparent, j’ai choisi d’être démocrate et de laisser les clubs s’exprimer et choisir en toute liberté». Avant la fin des travaux, les clubs membres ont adopté, à une majorité simple de 97 voix, le nouveau Code électoral.

Quelles seront les répercussions de ce vote de suppression des deux années minimum d’enseignement universitaire qui ne fait pas l’unanimité, sur les élections et sur la composition du prochain Bureau Fédéral ? Des élections plurielles à coup sûr, ce qui ne pourrait que donner du piment aux élections, mais des appréhensions aussi sur le profil, les CV, les qualités et les compétences des hommes qui vont surgir de l’ombre et se porter candidats. La porte aux candidatures sera grande ouverte à partir de jeudi 26 décembre.

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